Aussi, dans cette lueur d'aurore, une puissante volonté s'enflamma, parce que, dans la clarté de la sérénité empourprée, la vertu du grand et antique conseil fut connue, de telle sorte que les légions des esprits célestes admirèrent cette merveille dans la splendeur de leur félicité.
Mais toi, ô homme, quand tu désires connaître pleinement, à la façon humaine, l'excellence de ce conseil, la barrière du mystère s'y oppose ; parce que tu ne dois pas approfondir davantage les secrets de Dieu, qu'il ne plait à la divine majesté de les manifester, pour l'amour de ceux qui croient fidèlement.
Mais quand tu vois, de la lueur d'aurore, sortir une splendide forme humaine qui, répandant sa clarté sur les ténèbres, est reflétée par elles, et qui, changée en pourpre de sang et en blancheur d'aube, pénètre ces ténèbres d'une si grande vertu, que cet homme qui gisait en elles, apparaissant à son attouchement, resplendit ; et ainsi redressé, s'élève : cela désigne le Verbe de Dieu incarné inviolablement dans la candeur de l'intégrité virginale, né sans douleur, ni séparé du Père.
Comment ? Lorsque le Fils de Dieu naquit dans le monde d'une mère : il apparut dans le ciel, dans le Père, et les anges tremblèrent ; et se réjouissant, ils entonnèrent les plus douces louanges. Ce Fils de Dieu, venu dans le siècle sans la tache du péché, projeta sur les ténèbres de l'infidélité la doctrine lumineuse de la béatitude et du salut ;
mais rejeté par un peuple incrédule, et conduit à sa passion, Il répandit son sang empourpré, et goûta corporellement les affres de la mort. Et par là, terrassant le démon, Il délivra des enfers ses élus qui y avaient été précipités et retenus ; et par la vertu de sa rédemption, Il les ramena miséricordieusement à leur héritage qu'ils avaient perdu en Adam.
Lorsque ceux-ci parvinrent dans leur héritage, les harpes et les cymbales retentirent dans un concert d'une harmonie divine, parce que l'homme qui gisait dans la perdition, élevé maintenant dans la béatitude, délivré par la vertu d'en haut, avait échappé à la mort". (Scivias, livre second, tome II) vision d'Hildegarde Von bingen.